Après les publications,  l’année 2012  sera t-elle l’année des échanges et du partage  à travers le  blog ?

Très Saint-Père,

Quelle audace ! Et je vois déjà votre entourage romain froncer les sourcils. Écrire ainsi au Pape, comme s’il n’avait rien de plus urgent à faire que de lire les élucubrations d’un prêtre octogénaire, et breton de surcroît… Mais le cinquantenaire tout proche du Concile Vatican II et l’Année de la Foi que Votre Sainteté a proclamée à cette occasion ont titillé ma plume

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                                                                                                                   disponible sur www.amazon.fr    et en  version kindle et Version anglaise

photos de couverture : Michel Groiselle

Le journal et les Lettres d’Etty Hillesum sont un document bouleversant sur les souffrances de la communauté juive hollandaise, presque entièrement anéantie par les nazis ; mais aussi sur l’ascension spirituelle fulgurante de cette jeune femme. Après quelques années d’une vie quelque peu chaotique, elle rencontre Dieu, sans adhérer à une religion établie, mais vit dès lors intensément le commandement de L’aimer plus que tout et son prochain comme soi-même. Elle croit fermement en Dieu, en l’homme, en la vie, malgré la dureté des temps. Sa foi et sa prière se nourrissent de la Bible et de quelques auteurs chrétiens : Aujourd’hui : Michel-Ange et Léonard de Vinci, écrit-elle, eux aussi sont entrés dans ma vie… Comme Dostoïevski, Rilke et saint Augustin. Et les évangélistes. Je suis vraiment en excellente compagnie. Petite santé, elle se donne à ses compagnes et compagnons de misère jusqu’à l’épuisement total et, finalement, partage leur sacrifice dans l’horrible mouroir d’Auschwitz. j’ai rompu mon corps comme le pain et l’ai partagé entre les hommes. Et pourquoi pas ? Car ils étaient affamés et sortaient de longues privations. On voudrait être un baume versé sur tant de plaies. Elle avait 27 ans quand, en février 1941, se produisit la rencontre qui allait bouleverser sa vie. Deux ans et demi plus tard, le 7 septembre 1943, elle partait pour Auschwitz où elle mourut le 30 novembre 1943. Des 986 autres déportés du même train, seulement 8 survécurent

 

Illustration couverture : André DUVAL

L’évangile selon Saint Matthieu, soigneusement construit, que l’Église propose à la méditation de ses fidèles en la première des trois années liturgiques, nous décrit les grandes lignes de la vie et de l’enseignement de Jésus, de sa naissance à sa résurrection glorieuse, avec un souci évident de souligner la continuité entre l’Ancienne et la Nouvelle Alliance. Il est aussi riche de contrastes : pour Matthieu, l’imitation du christ est, bien sûr, un chemin de bonheur dont il décrit longuement la méthode dans le Discours sur la Montagne et l’énoncé des Béatitudes : « Heureux êtes vous??? » Mais l’évangéliste ne cache pas que ce chemin est montueux, parfois malaisé : en font foi, notamment, les paraboles du jugement et de violentes diatribes contre les hypocrites : « Malheur à vous, guides aveugles… » C’est pourtant Matthieu qui nous a conservé l’une des paroles les plus encourageantes de Jésus : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau…et je vous soulagerai…Je suis doux et humble de cœur et vous trouverez soulagement pour vos âmes ». Et l’on retrouve là le vrai visage de Jésus, le Sauveur. C’est donc un enseignement exigeant, certes, mais aussi bien stimulant qu’en ce livre l’auteur s’est proposé de commenter pour tout baptisé soucieux d’éclairer sa foi, au fil des messes dominicales ou festives.

Tout au long des dimanches du cycle A, l’Église nous fait relire l’Évangile selon saint Matthieu. Le prédicateur peut y analyser à loisir l’enseignement nouveau de Jésus, souvent condensé sous forme de discours. Avec saint Marc, durant l’année B, nous suivons aussi Jésus dans sa prédication itinérante, mais l’évangéliste est visiblement fasciné par les signes prodigieux que multiplie le Christ. Ainsi nous amène-t-il peu à peu à proclamer avec le centurion romain: Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu! Saint Luc, dont l’Évangile couvre l’année C, a puisé aux mêmes sources, araméennes ou hébraïques: son prologue en fait foi. Lui aussi a retenu et transmis les Béatitudes et autres préceptes ou conseils de Jésus. Il a ressenti la même admiration pour les prodiges accomplis par le Maître, mais, dans le choix qu’il en fait, et dans divers ajouts, il apporte au récit sa touche personnelle, une délicatesse qui lui est propre, une attention marquée pour les gestes et paroles de miséricorde que Jésus a envers tous, hommes ou femmes, Juifs ou païens, des gestes, des mots, qui révèlent l’Emmanuel, le Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère et prompt à pardonner, présent parmi nous. Tout lecteur, méditant cet Évangile, en est forcément imprégné. Ainsi les trois recueils d’homélies se complètent-ils harmonieusement pour révéler toutes les facettes du visage de notre Sauveur.

Je me revois dans la chapelle de Thibar, lieu de tant de bons souvenirs ; nous étions, je crois, trente-trois, une grande feuille de papier en main. L’un après l’autre, devant le bon Père Marius Aeby, nous lûmes, certains d’une voix forte et assurée, d’autres d’un ton plus timide et parfois mouillé, la formule du serment Missionnaire : “En présence de mes frères assemblés et de vous, Père… Moi,… fais serment sur les Évangiles…” Et nous montâmes à l’autel pour y signer la promesse. C’était le 27 juin 1952…

Soixante ans après, je serais tenté d’écrire ce que j’ai noté sur maintes copies de mes élèves, ici ou là : “aurait pu mieux faire”… Mais on ne m’a pas demandé un examen de conscience, sinon mes sentiments, alors que déjà plus de la moitié de notre groupe a rejoint la maison du Père. Ce Père du ciel si bien décrit par Péguy : “Ils sont les frères de mon Fils, ils sont mes enfants, je suis leur père. Notre Père qui êtes aux cieux. Mon fils leur a enseigné cette prière. Sic ergo vos orabitis. Vous prierez donc ainsi. Notre Père qui êtes aux cieux, il a bien su ce qu’il faisait ce jour-là, mon fils qui les aimait tant. Qui a vécu parmi eux, qui était un comme eux.

Qui allait comme eux, qui parlait comme eux, qui vivait comme eux. Qui souffrait. Qui souffrit comme eux, qui mourut comme eux. Et qui les aime tant les ayant connus…” Et plus loin : “On sait assez comment le père a jugé le fils qui était parti et qui est revenu, c’est encore le Père qui pleurait le plus”. Quoi de plus consolant !

Avant de quitter Carthage, j’avais postulé Bamako ou Ouagadougou. Ce fut Strasbourg et la liste est longue des pays et postes où je suis passé depuis : Bonnelles, Logroño, Kasongo, un intermède au Burundi, Bagira, Murhesa, Jérusalem, Mugeri, Paris et Peuples du Monde, Murhesa et Bagira de nouveau, Bukavu, Queretaro, Madrid, Verrières-le-Buisson, et, hors communauté, à Dinard et Saint-Malo…

On dirait un mauvais élève passant de collège en collège au grand désespoir de ses parents. Professorat, aumôneries, gratte-papier, j’aurai tout fait, sauf, à mon grand regret, ce dont je rêvais en signant sur l’autel de Thibar : les tournées en brousse, la formation de base des catéchumènes et des chrétiens ; je me console en me rappelant ce que le Père Casthelain, notre doyen à Bonnelles, disait, tout en soignant ses abeilles, aux jeunes que nous étions : “Un bon Père Blanc doit être capable de faire n’importe quoi, n’importe où, n’importe quand, quitte à le faire n’importe comment”.

                                                                        Une constante : l’écriture

Il y eut tout de même une constante dans ce long défilé de postes, et ce fut l’écriture. À Bonnelles déjà, le Père Laridan nous demanda un jour d’écrire, pour les éditions Casterman, de courtes biographies de missionnaires, sortes d’albums illustrés pour enfants. Me souvenant d’avoir postulé Ouagadougou, je choisis le Père Goarnisson, le Docteur Lumière. Professeur à Murhesa, je collaborais régulièrement à la Revue du Clergé Africain et à Jésus-Caritas.

Plus tard, directeur du Centre interdiocésain de pastorale, catéchèse et liturgie, à Bukavu, je fus amené à composer des catéchismes et autres brochures en swahili, avec l’aide des Sœurs Carmélites Missionnaires Thérésiennes. C’est à cette époque qu’à la demande du Conseil Général, j’écrivis à Rome le petit livre Ta Loi, je la médite, dont je ne sus jamais quel accueil il avait reçu.

Mais ce fut la rencontre de ces Sœurs Carmélites, congrégation espagnole, qui m’amena, ces 25 dernières années, à me consacrer presque exclusivement à l’écriture. J’étais revenu déprimé du Mexique et, durant deux ans, je fus accueilli chez elles, à Barcelone, pour achever des biographies de leur Fondateur et d’une de leurs Sœurs, Fécondité de l’échec, Sentinelle aux avant-postes, Semeuse de Paix, et la traduction et publication d’Écrits de ce Fondateur, dont son Mois de Marie, fleurs du mois de mai, des travaux commencés au Mexique.

Cela me remit en selle, si bien que le Provincial d’Espagne m’invita un jour à rejoindre Madrid pour relancer la revue de la Province, abandonnée depuis quinze ans. Ce fut Africana qui, avec la collaboration des Sœurs Blanches, a pris, depuis, un bel essor, devenant, me semble-t-il, un des fleurons de la presse missionnaire africaine. C’était en 1988-1989.

Quand des soucis familiaux m’incitèrent à rentrer en France, on m’y proposa le poste d’aumônier de l’hôpital de Dinard, ville où résidait ma mère et une partie de la famille. J’y demeurai 8 ans et demi, bien intégré à la pastorale du doyenné, et chargé plus particulièrement de celle de la santé. Quand le Seigneur rappela ma mère, en 1996, le Père François Richard, alors provincial, me demanda de prendre en charge l’aumônerie de la maison de retraite des Sœurs Blanches, à Verrières-le-Buisson, où je fus pratiquement seul durant trois ans. Années fécondes, car au ministère près des Sœurs s’ajoutaient la visite de plusieurs autres maisons de retraite et une aide à la paroisse voisine de Massy.

Malgré tout, j’avais des temps libres, je fis la connaissance des maisons d’édition Médiaspaul et François-Xavier de Guibert, et c’est alors que j’entrepris de publier ce qui me trottait par la tête. Je commençai par une adaptation de Ta Loi, je la médite pour le grand public, en basant le texte, non plus sur les Constitutions Pères Blancs, bien sûr, mais sur le Catéchisme des Adultes : ce fut Venez vous nourrir à ma table. Le curé de Dinard m’ayant confié les enterrements (environ 80 par an), puisque je connaissais d’ordinaire les défunts, visités à l’hôpital, et leurs familles, je publiai dans la foulée un recueil de célébrations et homélies d’obsèques, Dieu plus fort que la mort, constamment réédité et augmenté depuis 1999.

                                                              Le témoignage de martyrs en Afrique

Comme j’avais écrit une courte biographie, L’Évangile de Quim, de mon ami Joaquim Vallmajo, assassiné au Rwanda, le Père Richard me demanda de faire quelque chose pour les autres Pères qui avaient donné leur vie aussi pour l’Afrique, à Tizi-Ouzou et au Rwanda : ainsi sortit C’était une longue fidélité. Dès lors, les éditeurs se firent demandeurs et parurent, au fil des ans, la vie du Père Lourdel, une présentation dEtty Hillesum, de courtes biographies de chrétiens africains : Baba Valentin Bashige et le catéchiste pionnier Yohana Kitagana.

Et, lorsque le diocèse de Rennes me proposa l’aumônerie chez les Petites Sœurs des Pauvres de Saint-Servan, à dix kilomètres de Dinard, j’acceptai l’offre. Car, dans les maisons de retraite, hôpitaux ou cliniques, on ne peut faire de visites le matin, réservé aux soins ; alors, levé à 5 h, je dispose de temps libre et, la plume me titillant toujours, j’ai tout le temps d’écrire.

Car en 12 ans, ici, on ne m’a pratiquement jamais demandé d’aide dans les paroisses, pas même pour la semaine missionnaire : j’en ai souffert, puis en ai pris mon parti. J’en profite pour soigner davantage offices et prédications dans la chapelle de notre maison, car je sais que des gens y viennent -et certains me le disent-, parce qu’ils apprécient la nourriture spirituelle que nous sommes en mesure de leur donner, n’étant pas surchargés de besogne comme un curé aux multiples clochers.

Je n’ai certes pas abandonné les Carmélites Thérésiennes, traduisant leurs Constitutions, leur Directoire et autres documents officiels, la totalité des Écrits connus de leur fondateur, les quatre gros volumes de l’Histoire de leur Congrégation, rajeunissant aussi plusieurs biographies Le bienheureux Francisco Palau et La vénérable Teresa Mira : ce faisant, je travaille pour leurs Sœurs africaines, aujourd’hui constituées en Province autonome, et ignorant, pour beaucoup, l’espagnol et le catalan : j’y vois un modeste service de l’Afrique. En vue des JMJ de Cologne, j’avais préparé 50 courtes biographies de jeunes jocistes, scouts, séminaristes… Missionnaires et Martyrs, partis pour le STO durant la guerre et morts dans les camps d’extermination, en raison de leur foi : le livre parut malheureusement trop tard.

Pour le public français se sont ajoutés quelques titres que je n’ose qualifier “de spiritualité”, même si je me suis évertué à y faire passer ma foi, mon idéal chrétien : Avant tout la Prière, Oui, j’aime l’Église, Le disciple que Jésus aimait, Propos d’un curé impertinent, et diverses traductions d’ouvrages espagnols pour le compte des Éditions Médiaspaul.

Enfin sortirent aussi les trois volumes d’homélies ou méditations pour les dimanches et fêtes des trois années liturgiques : Proclame la Parole, N’éteignez pas l’Esprit, Il est passé faisant le bien. Je les publiai parce que, très souvent, on me demandait le texte de l’homélie à la fin des célébrations. Bien que je fasse ici beaucoup plus d’obsèques que de mariages ou de baptêmes, en 2011, toujours dans le souci de procurer des idées à des pasteurs débordés, j’ai ajouté un petit recueil de célébrations et homélies de mariage : Homme et femme, Il les créa.

En ce moment traîne encore chez l’éditeur un manuscrit dont j’ignore s’il verra le jour, car les temps sont durs pour l’édition religieuse en notre époque de sécularisation.

Cet apostolat du livre fut-il fructueux, voire utile ? Je ne sais. Parfois, une lettre ou une recension favorable me font penser que je ne perds pas mon temps, même si cela n’apporte pas le réconfort d’un contact personnel avec les gens. Était-ce là ma vocation dans la Vocation ? Dieu seul le sait. Curieusement, après tant d’années solitaires, c’est grâce à nos frères défunts que mon lien avec la Société est resté très étroit : on m’a souvent demandé, depuis quelques années, de rédiger des notices nécrologiques.

J’en suis reconnaissant aux Supérieurs, car que de découvertes admiratives cela m’a valu, qui m’ont conforté dans ma vocation ! On a le droit d’être fier de ce qui se fait dans la famille, même si on y a peu contribué. Dire d’ailleurs que je n’ai pas gardé la nostalgie de l’Afrique, du Congo, serait mentir : j’y suis retourné, pour des conférences, en 1988 et en 2007.

Mais ce fut plutôt une souffrance : celle de voir ce beau pays ruiné par les guerres continuelles ; et y retrouver les confrères courageux qui, eux, “durent” là-bas, malgré tout, me mit quelque peu mal à l’aise. ‘C’est ici que tu devrais être’, pensais-je durant ces courts séjours. “Je promets et jure..” (Const. N° 54) : Ai-je bien servi l’Afrique comme Jésus l’attendait de moi en m’appelant ? Lancinante question ! J’espère qu’il m’accueillera tout de même avec la miséricorde de ce Père qu’il nous a décrit si aimant.

 

      Par une heureuse coïncidence, nous célébrons, pour notre jubilé, le premier missionnaire, l’annonciateur de la venue du Messie pour le Salut du monde, celui qui prépara la route au Seigneur, son cousin. Nous le voyons d’ordinaire comme l’ascète sévère, vêtu d’une tunique de poil de chameau, se nourrissant de sauterelles et de miel sauvage, et nous oublions qu’il bondit d’allégresse dans le sein de sa mère. Avant même de naître, il dansa lorsque Élisabeth entendit la salutation de sa cousine Marie, enceinte du Messie, et il fut ainsi sanctifié dès son premier contact avec le Fils de Dieu. Plus tard il se définira comme l’ami de l’Époux, heureux d’entendre sa voix ! (Jn 3, 29) C’est donc un homme de joie, ce Jean ! porteur de la plus Belle Annonce qui soit. Il est, pour nous, un homme à écouter et imiter : une voix qui crie dans le désert et appelle à la conversion, la nôtre et celle de ceux que nous côtoyons, où que nous soyons.

Le Baptiste
brûlait d’impatience
Car, qu’on l’écoute ou pas, Jean prêche et invite avec force au changement de conduite afin de préparer ainsi la route au Seigneur. Le Baptiste n’est pas une figure molle, c’est plutôt ‘Jean sans peur’. Hardiment, il dit la vérité, met le doigt sur la plaie, démasque l’hypocrisie de ceux qu’il traite d’engeance de vipères. Car on ne saurait tromper Dieu ! Qui se convertit doit réapprendre à partager, à se contenter de son salaire, à abandonner toute pratique de corruption : ne léser ni dépouiller personne ; s’abstenir de toute violence, en actes comme en paroles. Que tout cela est d’actualité ! Dans un monde devenu impitoyable, l’homme moderne manque terriblement de respect, d’estime et de tolérance envers l’autre, nous manquons souvent d’amour pour l’autre, quel qu’il soit.

Prophète à la charnière de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance, Jean appela à la conversion sans délai. Pour lui, la hache était déjà prête à attaquer la racine de l’arbre sans fruits. Aussi connut-il quelques doutes lorsqu’il entendit Jésus prêcher la patience et la miséricorde infinies de Dieu. Pris par sa mission, il voulait en voir de suite la réalisation. Il brûlait d’impatience. Et je le comprends.

Franchement, il nous est dur aussi de voir en Afrique de sanglantes guerres ethniques qui n’en finissent pas (Congo, Rwanda, Burundi, Côte-d’Ivoire, Nigeria, Mali maintenant, et j’en passe) ; il nous est dur de voir que le SIDA et la misère gagnent encore du terrain, que tant de malades restent sans soins, de constater que la corruption généralisée, que l’apathie, l’égoïsme et la cupidité occidentales perdurent. Nous fûmes parfois tentés de baisser les bras et pourtant nous n’en avions pas le droit. Dieu, lui, ne compte pas les jours, il les pèse ! Il compte sur ma fidélité et ma prière persévérante, à charge pour moi, le premier, de me convertir plus radicalement à lui.

D’abord, approfondir
ma prière et ma vie intérieure.
Et d’abord, approfondir ma prière et ma vie intérieure. Sinon je risque d’être aspiré par la banalité ambiante, abruti par la vulgarité généralisée. Je dois méditer et prier. L’Africain Origène, au début du IIIe siècle, comptait sur un “entraînement de l’humilité d’esprit et sur la prière” pour combattre toute arrogance théologique ; il pratiquait, disait-il, “une théologie de cheminement”, toujours en quête de la vérité. Il nous faut l’imiter

Quand on vieillit, on a parfois l’impression douloureuse de rapetisser. Là, nous avons encore en Jean le Baptiste un modèle. À qui lui annonçait que certains de ses disciples le quittaient et passaient à Jésus, il répondait en humble prophète qui sait laisser la place à celui qu’il représente : « Il faut qu’Il grandisse et que moi, je diminue ! » Hélas, que de place il reste à Lui céder dans ma vie pour qu’il grandisse en moi ! Qu’il me donne seulement la joie de pouvoir encore l’annoncer, le montrer : C’est Lui, l’Agneau de Dieu…Écoutez-le!

La lui laisserai-je cette place désormais dans ma vie, maintenant que j’en ai davantage le temps ? Sera-t-il davantage ma référence dans mes paroles et mes actes ? Dans ce monde sécularisé, où l’on ne demande plus d’avis à Dieu, où la foi est reléguée au domaine privé, les commandements de Dieu remisés au rang de tabous dépassés. Ai-je l’audace de me référer ouvertement à celui qui donne sens à ma vie ? de nommer Dieu, sans fausse honte, comme celui qui me donne stabilité et sécurité parce que je crois en lui ? Il compte sur moi, il compte sur nous. Vais-je rester paralysé par le respect humain ? Des prophètes, de nos jours, il en est tout de même encore quelques-uns que personne ne peut intimider ni museler. Alors, et moi ? Ne suis-je pas sanctifié comme Jean par mon contact avec Jésus dans la messe quotidienne ?

Le précurseur, en disant : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde », avait accompli sa tâche. Nous savons comment sa tête, servie sur un plat, ‘récompensa’ une danseuse, fille de la concubine d’un roitelet d’opérette. Celui-ci pourtant estimait Jean, mais d’autres voulaient le faire taire. Nous n’avons certes pas la stature de celui dont Jésus disait :« Il n’y eut pas de plus grand prophète que Jean le Baptiste ! », mais, jubilaires de 50 ans, 60 ans ou plus, malgré nos forces amoindries, nous demeurons des agents de salut pour le monde dans lequel nous vivons. Chacun d’entre nous, je pense, a fait de son mieux jusqu’ici ; il reste à continuer : Jésus n’en demande pas plus.

Méditant la charte du chrétien qu’est le sermon sur la montagne, le bienheureux John Newman écrivait ces paroles, pour nous bien consolantes : Votre vie même révèle le Christ sans que vous le vouliez. Vous n’y pouvez rien. Vos paroles et vos actions montreront à la longue où se trouve votre trésor, et aussi votre cœur. De l’abondance de ce cœur jailliront des paroles “pleines de sel”. [..] Qui peut mesurer le pouvoir de nos paroles quand elles tombent au moment opportun ? Combien de fois sont-elles recueillies et entretenues fidèlement en pensée par telle ou telle personne, et portent-elles des fruits, alors que nous les avons oubliées ?

Et combien de fois nos bonnes œuvres en suscitent-elles d’autres, par émulation, sans que nous nous en doutions?… Parfois, quelqu’un dont nous n’avons jamais entendu parler, ou que nous n’avons vu qu’une seule fois, pense à nous du fond d’un pays lointain ! Contemplons cet aspect plaisant de nos actions et pas seulement les tristes conséquences qu’elles ont pu avoir parfois.

Car, comment douter que nous ayons été, parfois à notre insu, sel ou lumière pour l’un ou l’autre de nos frères ou sœurs en recherche de Dieu, comment douter que, bien qu’indignes, mais mus par l’Esprit Saint, nous les ayons amenés à Jésus, comme Jean lui amena jadis ses premiers disciples ? Alors, aujourd’hui, humblement, disons merci, rendons grâce au Seigneur. Amen

Ceux qui viennent de perdre un proche se posent la question :  » Qu’y a-t-il au-delà ? Vit-on après la mort et comment ?  » Le défunt est celui qui a cessé sa  » fonction  » ici-bas, mais pour le chrétien, qui croit en la résurrection, sa mort est un nouveau départ, sa relation avec Dieu connaît son épanouissement… Comment le dire à une assistance formée de chrétiens pratiquants, de mal-croyants ou d’incroyants ? Aujourd’hui, des chrétiens, mandatés par leur évêque pour accompagner les familles en deuil, leur proposent de partager l’espérance qui leur vient de Jésus Christ ressuscité : Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici ; il est ressuscité (Lc 24, 5). Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure… Je pars vous préparer une place (Jn 14, 2). Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi (Jn 17. 24). Mais la proclamation de cette parole doit être respectueuse de ceux et celles qui sont  » loin « . C’est donc avec une infinie délicatesse qu’ils aideront des personnes dans la peine à préparer la célébration – choisissant avec eux lectures et chants -, et à vivre la séparation dans la durée, par un échange fraternel et une homélie personnalisée selon l’âge du défunt, les causes de son décès, son entourage… On trouvera, dans cet ouvrage, des exemples très diversifiés de célébrations qui furent ainsi préparées ; le but de l’auteur est d’aider ceux et celles qui exercent ce ministère difficile dans leur lieu de vie habituel.

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